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30 juin 2015 2 30 /06 /juin /2015 11:54

« Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent,

et une confiance inébranlable pour l’avenir ». Jean Jaurès.

Dans quelques jours, se réunira, pour la deuxième fois, la coordination des villes gouvernées par l’extrême droite. Pour la deuxième fois consécutive, cette réunion se déroulera dans le Var. Après Fréjus, le Golfe de St Tropez. Il faut reconnaitre que notre département a le triste bilan de compter trois villes d’extrême droite, un sénateur et trois cantons FN. C’est aussi la première fédération de France pour le FN.

La situation des 11 villes est hétérogène. Certaines étaient dirigées par la droite, d’autres par la Gauche avant Mars 2014. Certaines étaient exsangues financièrement (Fréjus ou Béziers) d’autres dans des situations correctes. Certaines connaissent des situations de misère sociale et économique, d’autres sont privilégiées. Si chacun d’entre nous peut donner une explication locale (usure d’un maire, division des listes de gauche ou de droite, projet de construction d’un lieu de culte non accepté, …) force est de reconnaître que ce mouvement touche tout le territoire hexagonal. Un canton a ainsi été perdu en Gironde.

Un an après où en sommes nous ? Voilà la question qui va planer lors des rencontres de la fin du mois de Juin à Grimaud. Nous nous sommes retrouvés l’année dernière, plein de courage et d’envies. Après avoir digéré le choc dans nos villes respectives, nous affirmions notre volonté de mener le combat. Certains, nous étions, et nous sommes certainement encore animés par la volonté de lever le masque de la Marinalisation du FN. Le FN de Jean Marie et de Marine est le même, et il faut le dire. L’expliquer, le démontrer. Pourtant, un an après, élections départementales à l’appui, le mirage continu de faire son effet. Certains observateurs considèrent les mauvais résultats électoraux du FN lors des élections partielles de ce week end, comme un signe … Une lumière blanche, qui viendrait sanctionner la Saga de la famille Le Pen de ce printemps. C’est aller vite, mais alors très vite en besogne. La même erreur que les républicains ont commise au début des années 2000, considérant le danger Le Pen réduit à néant après la scission Megret.

Le défi que nous nous sommes lancé est ambitieux. Il faut regarder avec lucidité ce qui se passe dans nos villes. A une exception, celle d’Hayange, le processus de normalisation du FN au pouvoir est bien avancé. Marine Le Pen avait annoncé que la réussite de ses maires est un élément central dans sa conquête du pouvoir en 2017. Un élément est à prendre avec gravité : lors de la victoire du FN aux élections départementales de Mars dernier, il n’y a eu aucune réaction. Dans les villes déjà conquise, cela peut se comprendre. Mais que dire de ces territoires, où l’extrême droite a gagné, sans disposer de mairies ? Pire, dans le Var, l’extrême droite a gagné deux cantons sur la gauche. Celle la même qui a reçu le soutien des électeurs un an auparavant.

Le canton de la Seyne sur Mer, peut représenter ce qui risque de se reproduire un peu partout. Mosaïque de cultures et de nationalités, ancré dans son identité ouvrière … Après la victoire du Front National, aucune réaction ne se produit. Aucune manifestation irrationnelle de colère, aucun rassemblement de républicains inquiets. Le soir de la défaite, le lendemain de la gueule de bois, la situation se normalisa … Cette ville dispose pourtant d’une longue histoire ouvrière, de luttes syndicales, associatives. L’expérience de gestion de la ville par un pouvoir extrémiste, incarné par Charles Scaglia est encore présent dans les consciences. Cette ville est un exemple de brassage culturel. Une ville rebelle, qui reste passive ….

Le Front National réussit son opération d’escroquerie intellectuelle. Il se pose comme défenseur de la Laïcité et attaque partout où cela est possible les lieux de cultes musulmans, communique sur la présence de crèches de Noel dans des bâtiments publics… Le Maire de Cogolin, a même remercié la Sainte Marie lors d’un discours institutionnel le 15 Aout 2014.

Le Front National se pose en défenseur des classes laborieuses, et supprime l’épicerie solidaire du Luc, regarde avec délectation la fermeture de la Maison de la Solidarité du Centre Var, tente de faire fermer le Centre Social de Villeneuve à Fréjus, pourfendant en plein conseil municipal tous les dispositifs sociaux ….

Le Front National se veut bon gestionnaire et exemplaire. Ses Maires du Luc et de Cogolin prennent comme première mesure de s’augmenter, le premier adjoint de Fréjus attendra quelques semaines. Ils cumulent mandats, et attribuent missions et marchés à des amis de la galaxie d’extrême droite … Attribuent des logements sociaux aux collaborateurs d’élus …

Et pourtant, comme un mouvement irrationnel, nos concitoyens ne sont pas pour le moment choqués par ses comportements. Le chemin à parcourir est donc long, pour faire revenir notre cher Var Rouge, endormis, dans la République. Car en parallèle de ces actes, il existe une trame de fond qui traverse notre pays, et de manière plus accentuée, notre département. Non seulement la xénophobie et le repli sur soi sont devenue le politiquement correct, mais nous devons regarder lucidement le processus en cours : l’ethnicisation des rapports sociaux. La règle est devenue la suivante : le bar pour les européens, le bar pour les maghrébins. Il y a la boucherie Hallal, et l’autre. Plus aucun lieu de brassage n’existe. L’école de la République, victime de la ségrégation urbaine, reproduit mécaniquement, cet apartheid.

Ce constat est sévère, sans doute trop manichéen pour être calqué sur chacune de nos villes, de nos villages, de nos quartiers. Et pourtant c’est une réalité pour nombres d’entre nous. Nous les varois, qui malgré tout, sommes attachés a ce territoire, si beau, si passionnant, si diverse. Avec son histoire si riche.

Le moment est venu, sans doute de changer de stratégie et de moyens d’actions. Il nous faut mobiliser, d’abord et avant tout, ceux qui souffrent de ces pouvoirs locaux, qui demain peuvent devenir le pouvoir national. Sans dynamique, qui irrigue nos quartiers, de Berthe à la Gabelle, de la Retrache à la Beaucaire ou des Colettes au Caramy, nous ne mènerons aucun combat victorieux. On ne fait pas le bonheur des gens malgré eux, dit le dicton populaire. Comment être crédible, si nos comités de vigilances, se résument à des militants conscientisés et engagés, à quelques « bobos » ? Dont je suis, bien évidemment.

Il nous faut une réelle coordination, structurée, capable de communiquer et d’agir. Trois villes, cinq organisations. Et pas une action commune. Pas une parole commune. Pas une lecture coordonnée de l’action des ces équipe municipales, qui elles, se coordonnent.

Nos actions n’ont que peu d’influence sur les organisations politiques du département. Ces dernières dissertent souvent sur les causes et les effets du FN au pouvoir. Mais elles ont trouvé le moyen, quasiment partout, de se présenter séparément, sans mettre de moyens adaptés aux situations locales. Que dire des élections régionales de Décembre ? La division et la surenchère sont irresponsables, pour qui veut sauver notre Région. Sans pression des acteurs de terrain que nous sommes tous, les appareils continueront de gérer les appareils ….

Enfin, il nous faut trouver un second souffle. Les échéances à venir risquent de permettre à l’extrême droite de conquérir un peu plus de pouvoir. Bien entendu, le Conseil Régional, mais aussi des circonscriptions législatives, si ce n’est pas l’Elysée. Que fera-t-on alors ? Comment pourrons nous conserver nos libertés, notre envie d’égalité, de fraternité ? Quelle sera la Laïcité à la française ? Le rejet de l’Islam et le retour de la religion d’Etat au nom de « Racines chrétiennes de la France » ? Nos concitoyens en précarité n’auront plus que leurs yeux pour pleurer, et les nantis de Rueil-Malmaison pourront alors découper en toute légitimité notre système de protection sociale, et mettre un terme à l’aventure républicaine.

Il y a le feu à la maison, mes amis. La comparaison avec les années 1930 est sans doute exagérée. Exagérée car comparaison n’est pas raison. Mais raisonnablement regardons ensemble le mouvement en cours dans notre département depuis l’élection cantonale de Brignoles en Octobre 2013, et la situation européenne.

« Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l’avenir ». Cette phrase de Jean Jaurès doit nous être présente en permanence dans nos esprits, pour ce combat difficile, que tels des hussards de la République, nous mènerons dans les mois et années à venir.

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