S'il y a une évolution, dans le discours de l'Etat, que personne ne peut nier, c'est bien celui sur la reconnaissance de la souffrance, ancienne, quotidienne, forte, des discriminations subies par une catégorie non négligeable des français. Elle serait négligeable, cela ne changerait rien au débat, d'ailleurs.
Il est loin le discours de Grenoble. Celui, qui prenait à partie, de manière violent, humiliante, des français.
Par la voie du premier ministre, l'Etat français, reconnait qu'il existe aujourd'hui, des citoyens mis de côtés. Dans une cohérence indéniable, le premier ministre de gauche, a annoncé un plan pour lutter contre les discriminations. Il est sans précédent, avec des moyens considérables. A gauche le procès n'a pas tardé, pour dire des actes tout de suite. Le premier ministre a eu à peine le temps de finir son propos, que déjà on entendait le vieux discours de la trahison, des effets d'annonces, des renoncements à venir.
De son côté, dans un aveuglement qui ne lui fait pas honneur, une partie de l'opposition a dénoncé une instrumentalisation et une opération de communication. D’autre part, l'opposition non républicaine est énervée. C'est son fond de commerce, le racisme sous toutes ses formes, qui peut s'amenuiser demain. En tout cas j'espère.
Que certains attendent des actes tout de suite, c'est légitime. Il faut juste laisser un peu de temps.
Il faudra toute fois avoir un vrai débat au sein de la gauche, et du mouvement social. Certains de mes camarades, des cadres syndicaux, associatifs, alimentent une réflexion bien dangereuse. Il n'y a aucune raison de s'alarmer. Ce n'est que le fruit de la crise économique (sans doute vrai en partie, en partie seulement). Des que l'argent coulera à flot, dans les entreprises, dans le service public, dans les quartiers populaires, allez hop, tout le monde sera rassemblé dans une fraternité républicaine. Les mosquées pourront se construire sans l'opposition de certains, les plats de substitutions réapparaitront, les partis républicains présenteront des candidats issues de minorités culturelles, les écarts de salaires entre les hommes et les femmes seront réduits à néant, un couple de jeunes homosexuels pourra s'enlacer tranquillement sur les plages de la méditerranée, on pourra ranger la revendication du CV anonyme ...
Evidement, et malheureusement tout cela est bien naïf. S'il est indéniable que nous devons retrouver le chemin du plein emploi (ou du moins chômage), et de la prospérité, pour rassembler le peuple, cela ne suffira pas. Les exemples ne manquent pas. Ce n'est pas la montée du chômage qui a conduit Jean Marie Le Pen à faire son meilleur score à une élection présidentielle. Ce n'est pas la pauvreté qui caractérise la Norvège ou le Danemark, marqués par des attentats de fanatiques, différents mais tout autant meurtriers. La Suisse ou l'Autriche ne sont pas des pays pauvres.
Cogolin n'est pas une ville où règne la misère. Et ceux qui la subissent, ne votent pas pour l'extrême droite. Tout comme à Fréjus ou à St Raphaël.
Il y a donc bien des débats à conduire. J'y reviendrai. Notamment sur l'identité républicaine, l'Histoire de France, la définition du Pacte Républicain. Celui sur le sens de la Solidarité. Et dire, sans avoir peur, que celui qui ne veut pas contribuer, n'est pas obligé de vivre içi. Car içi, c'est la République. Et la France, sans la République, c'est un moment particulier de l'Histoire. Pas le plus glorieux.
Pour terminer. J'aimerai savoir. Simplement. Ma question est sans doute une déformation professionnelle. Que doit ont dire, à celle ou à celui qui subit le racisme. Qui le subit depuis toujours, et qui voit son enfant, grandir dans un univers, tout autant discriminatoire. Pas d'inquiétude, la croissance arrive. Quand elle sera là (on ne sait pas bien quand d'ailleurs ....), elle créera des emplois. Quand elle aura créé suffisamment d'emplois (une nouvelle question ; combien ?), les gens vivront mieux. Et alors, après (on est en 2040 au moins là non ?), ils t'accepteront. Bon peut être sera tu partis. Mais les enfants de tes enfants, eux au moins, je t'assure. Ben si ….