Ses initiateurs récusent le terme, mais c’est bien d’un nouveau courant au sein du parti socialiste dont il faut signaler la naissance. Celui-ci regroupe les militants qui se réclament de la motion E intitulée « L’espoir à gauche, fiers d’être socialistes » et qui, conduite par le maire de Lyon Gérard Collomb, a recueilli 29% des voix des militants avant d’échouer d’un cheveu à porter Ségolène Royal à la tête du PS. Ouvert le jeudi 15 janvier, Lespoiragauche.fr constitue le point de rencontre de ce courant qui compte 34 premiers secrétaires fédéraux. Le site diffuse des argumentaires et relaie les déclarations comme les initiatives de ses dirigeants. Il doit s’élargir à la fin du mois de janvier afin de se transformer en un « réseau social militant ».
Surprise ; sur la page d’accueil, on remarque immédiatement que l’ancienne candidate au poste de premier secrétaire n’est guère mise en évidence. Il faut la chercher au milieu de nombreux autres responsables et c’est un message vidéo de Vincent Peillon, député européen et bras-droit de Ségolène Royal pendant la préparation du congrès, qui accueille les visiteurs.
Cette présentation n’est pas fortuite. « L’espoir à gauche » soutient clairement la présidente de la région Poitou-Charentes dans la perspective de 2012. Cependant, cette « équipe » - qui regroupe des dirigeants dont certains comme Jean-Noël Guérini ou, dans une moindre mesure, Vincent Peillon, disposent de troupes militantes non-négligeables – ne se considère pas comme un outil exclusivement au service de sa candidature. De toute évidence, le site entend se distinguer – voire, apparaître comme le pendant - des réseaux Désirs d’avenir constitués par Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle de 2007. Ce qui ne l’empêche pas de proposer un lien vers la « Ségosphère
».
Outre Vincent Peillon et Jean-Noël Guerini, les piliers de ce courant sont François Rebsamen, sénateur et maire de Dijon et d’autres élus qui, au printemps, s’étaient regroupés sous la bannière de la « Ligne claire ». Tels Gérard Collomb ou les députés Manuel Valls et Gaëtan Gorce. Cet automne, pour obtenir leur appui, Mme Royal avait du mettre sa candidature « au Frigidaire »… avant de la ressortir prestement à la veille du congrès et de s’imposer sans coup férir pour partir à la conquête du PS. Les initiateurs de Lespoiragauche.fr ne l’ont pas oublié. Leur état d’esprit, c’est un peu « Ségo, mais pas trop ».
Jean-Michel Normand