La rentrée se prépare. Tous les socialistes un peu aguerris scrutent les petites phrases, les dépêches AFP. Un vieux dicton cher à ma génération : « Les téléphones vont sonner », semble bien approprié.
En effet, les retrouvailles de la Rochelle vont donner le signal des déchirements qui dureront sans doute jusqu'à fin novembre. Car la saison du mercato est bientôt finie.
Elle aura été riche en rebondissements cette année. Pour commencer, notre camarade Arnaud Montebourg. Chevalier blanc, rénovateur et intègre à la fois, plein d’expérience et jeune à la fois, l’ex leader du nps a fait preuve lors de ces derniers mois d’un sens tactique assez impressionnant, n’hésitant pas à mettre ses convictions de côtés pour s’assurer je ne sais quel poste ministériel en cas de victoire de la gauche. Alors que depuis des mois ce cher Arnaud avait entrepris des négociations avec l’équipe de Laurent Fabius, voila qu’il décide de rejoindre Ségolène Royal en fin d’année. Sous prétexte de vouloir donner toutes ses chances à la victoire du ps. Cet argument ne tient pas la route : ceux qui font le choix d’un autre candidat ne souhaitent pas la victoire du ps ? Seule Ségolène peut gagner ? Pourquoi voter alors ?
On attendait au moins de sa part qu’il obtienne des concessions de la part de Ségolène, sur le fond. En effet, Arnaud Montebourg a quitté avec fracas le courant qu’il a fondé avec Vincent Peillon, le NPS, car, selon lui la 6°République a été sacrifiée. Ce même argument a servis à Arnaud Montebourg pour justifier son abstention sur le projet des socialistes. Quelle déception, pour tous ceux qui ont cru en la sincérité d’Arnaud Montebourg, de voir qu’en contrepartie de son ralliement, Ségolène ne lui a rien concédé. Pour ma part je me suis toujours méfié de ceux qui se construisent politiquement sur le rejet du passé, sur des formules simplifiées et surtout sur le mépris des autres. Mais sans doute, il y a la une formule magique, qui permet à Arnaud Montebourg d’être plus flexible sur ses convictions aujourd’hui, à un ancien porte parole du ps de se désolidariser le 22 avril du bilan Jospin, à une camarade, pur produit de l’appareil socialiste, recruté à la sortie de l’ena, d’apparaître comme jeune et novice en politique … Décidément, c’est dur la politique …
Sénateur PS de l'Essonne, Jean-Luc Mélenchon, partisan de Laurent Fabius, commente les interventions de Ségolène Royal et de Lionel Jospin.
Jeudi dernier, l’A.S.T.I. et la section toulonnaise de la ligue des droits de l’Homme, ont organisé le parrainage d’enfants étrangers, scolarisés dans le var, et menacés par la chasse à l’Homme ouverte par Nicolas Sarkosy.
Cette cérémonie a été organisée à Ramatuelle, à l’occasion d’une manifestation associative, « la République Nous appelle ».
Le Président de l’A.S.T.I., Mohamed RAIES était retenu pour des raisons personnelles. J’ai donc été chargée de présider cette cérémonie.
Répondant à l’appel que nous avions lancé, l’ensemble des élus nous ont fait part de leur soutien et de leur disponibilité. Comme cela n’a pas toujours été le cas (d’une manière globale), il est important pour moi, ici, de souligner l’engagement des élus de gauche de notre département. Je n’ai personnellement jamais douté de la sincérité de leur engagement, et leur conviction profondément à gauche et humaniste. Mais là, l’ampleur du phénomène m’a surpris. En effet, la gauche n’a pas toujours été très a l’aise avec les sujets liés a l’immigration, aux sans papiers. La gauche politique en tout cas. Depuis le début des années 1990, ces sujets sont devenus l’objet d’instrumentalisation de la part à la fois, d’une ultra gauche qui s’est créée une identité sur la base de revendications souvent démagogiques et absurdes (« libre circulation – libre installation) et de l’autre, une partie du PS, qui en se voulant réaliste et en essayant de coller aux sondages, n’a pas su se démarquer de la droite.
Cette question est réellement compliquée. Elle l’est car il est difficile pour ceux qui, comme moi, ne peuvent évoquer ce sujet sans mettre des noms et des visages.
Rien de plus facile que de se laisser aller à des « y a qu’a - faut qu’on » devant son poste de TV, assis confortablement dans un fauteuil en cuir, accablé par la canicule de la côte d’azur … La seule voie possible comme le dit si bien Mireille Peirano : « réguler les migrations est de donner les moyens aux gens de vivre dignement dans leur pays ». Il y a bien entendu l’aide au développement, qu’il faut augmenter de manière considérable, en favorisant les partenaires locaux, comme le fait Michel Vauzelle au Maghreb, mais aussi en modifiant radicalement la politique étrangère de la France. En effet, comme peut-on vouloir promouvoir la francophonie a travers le monde, les valeurs humanistes, et a chaque fois que cela est nécessaire, faire prévaloir la « raison d’état » et le « réalisme géopolitique ». On ne peut demander froidement, aux africains de mourir de faim et du sida, dans des régimes politique des plus sanguinaires, avec notre complicité, comme au Tchad, au Togo ou au Maroc.
Jeudi, nous avons réussit à créer un lien entre des enfants, qui pour certains sont nés sur le territoire varois, qui tous n’ont connu que la France comme pays. Alors que nous voulions une cérémonie simple, nous avons été surpris (une foi de plus), par la fierté des parents qui pour la première foi depuis de nombreuses années, se sont sentis exister, publiquement, dans ce pays, qui ne les tolère sans les accepter, et aussi, par l’émotion de tous élus. Tous les apprentis sorciers qui dissertent en permanence sur la soi disante « classe politique », en sont pour leur frais. Electoralement parlant, il n’est pas très intéressant de faire plus d’une heure de route, pour se rendre à Ramatuelle, pour s’engager à prendre sous leur protection, des personnes qui ne votent même pas. D’un certain point de vue, c’est même risqué.
Mais ce jour là, nos élus, nous ont rendus fiers de la confiance que nous leur avons donnée, dans les urnes, par leur courage et leur humanité.
Je ne manquerai pas de le dire, le moment venu.
Une dernière fois, MERCI POUR EUX !
Tarik Belkhodja.
PS : les élus concernés sont :
· Monsieur Robert ALFONSI, Vice Président du Conseil Régional Provence Alpes Côte d'Azur, conseiller Municipal PS de Toulon.
· Monsieur Joel CANAPA, Vice Président du Conseil Régional Provence Alpes Côte d'Azur, conseiller Municipal PCF de la Garde
· Madame Miereille PEIRANO, Conseillère Régionale PS Provence Alpes Côte d'Azur,
· Monsieur Laroussi OUESLATI Conseiller Régional Provence Alpes Côte d'Azur, Conseiller Municipal PRG de Toulon.
· Madame Hélène BLANC, conseillère municipale PCF de Trans en Provence
· Monsieur Michel PINEAU, conseiller municipale PS de Cogolin,
· Monsieur Pierre DASPRE, conseiller municipal PCF de Cogolin.
Contenu
La France prendra la présidence du Conseil de Sécurité des Nations unies en juillet 2006.
Elle a déjà joué un rôle de leader au sein de ce Conseil pour faire voter la résolution (1593) permettant d’amener la situation du Soudan devant la Cour pénale internationale.
Rejoignez-nous pour demander, dès maintenant, au gouvernement français de soutenir avec fermeté une mission de maintien de la paix munie d’un mandat fort pour assurer la protection des civils et capable de contrôler l’embargo sur les armes
Déposez votre message (d'après le modèle ci-dessous) directement sur le site du Président de la République :
http://www.elysee.fr/ecrire/index.html
Monsieur le Président de la République,
Villages brûlés, femmes violées, hommes et enfants torturés et tués, deux millions de personnes déplacées de force et parmi elles plus de 200 000 réfugiées dans des camps au Tchad.
Plus de trois ans après le début du conflit au Darfour, les civils sont toujours pris pour cible. Aujourd’hui ces tueries s’étendent au Tchad.
La France, en tant que membre du Conseil de Sécurité, doit agir pour arrêter ce drame. Il est urgent de déployer une force des Nations unies dans les plus brefs délais, qui garantisse la protection de la population, contrôle efficacement l’embargo sur les armes, et prenne en compte l’ampleur de cette crise humanitaire.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.Nom, prénom
adresse, pays
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Interview à Politis, parue le jeudi 22 juin 2006. Le 6 juin, au bureau national vous vous êtes abstenu sur le projet socialiste…
Jean-Luc Mélenchon : J’ai commencé la réunion en pensant voter contre. Je mesurais la gravité de ce vote. Mais le contenu de l’avant-dernière mouture était insupportable. Après dix heures de discussions, ce projet se situe assez traditionnellement à équidistance des deux thèses fondamentales qui traversent le parti. Le discours sur la mondialisation est plus lucide, des mesures sont retirées, d’autres ajoutées, comme sur les OGM. Même s’il y manque des choses comme la propriété publique de l’eau, le texte final est d’une facture socialiste plus classique.
Autant que la qualité ou le niveau des propositions – il y a du bon et du bien moins bon – mon critère de décision était le suivant : est-ce que, sur la base du projet que le parti va produire, l’union des gauches reste possible ? Cette union eût été impossible, par exemple, si la retraite à la carte était restée dans le texte ou si on avait continué à présenter la mondialisation libérale comme un résultat connexe du progrès technique. Dans ce cas, la distance prise avec la gauche aurait été telle que d’autres alliances auraient été préfigurées. Le texte tel qu’il est permet le compromis avec les autres forces de gauche. Il serait alors absurde de le rejeter. Pour autant, je continue à penser qu’il n’est pas à la hauteur des défis sociaux et écologiques contemporains. Je me suis donc abstenu. Plusieurs propositions phares de Ségolène Royal, sur la sécurité ou l’« ordre juste », n’y figurent pas. Quelles critiques en faites-vous ? Et l’« ordre juste » ? Pourquoi vous êtes-vous rendu à Berlin, à l’invitation d’Oskar Lafontaine, considéré comme le diable rue de Solferino ? Par provocation ? Comment cette faillite atteint-elle le socialisme français ? Pourquoi cette visite à Oskar Lafontaine ? Et en France ? Ce qui se joue avec l’appel pour des candidatures unitaires antilibérales en 2007 est-il une des voies possibles de cette réinvention ? Cette responsabilité serait d’aller vers une candidature unique ? Comment vous détermineriez-vous si José Bové était ce candidat, ce qui est loin d’être le cas ? Ce candidat unique pourrait-il venir des rangs des socialistes ? Le « non » reste-il un marqueur important ou doit-il être dépassé ? Comment voyez-vous la candidature de Laurent Fabius ? Propos recueillis par Denis Sieffert et Michel Soudais
Ni sur la sécurité, ni sur l’éducation, ni sur l’ordre juste, nous n’avons été saisis de la moindre proposition, orale ou écrite, de Ségolène Royal. Nous n’avons donc pas eu à nous prononcer. Sur la sécurité, compte tenu du débat dans tous les médias, il a fallu s’exprimer. Nous l’avons fait clairement contre ce qu’elle avait dit.
La mise sous tutelle des allocations familiales « à la première incivilité » veut responsabiliser les parents. C’est en réalité une punition collective. Qui est visé ? Uniquement ceux dont les revenus de la famille dépendent de la contribution des allocations familiales. Ce ciblage social est insupportable. Cette mesure est plus brutale que la suppression des allocations familiales. C’est en quelque sorte le FMI à la maison : un contrôle social de la dépense par une personne tiers à l’arbitraire de laquelle toute la famille est soumise pour la faute d’un seul. Et quelle faute ? Elle évoque le « premier acte d’incivilité » pour déclencher la mesure et obliger les parents à aller à l’école des parents ! C’est totalement disproportionné. Autre mesure : les centres « militarisés » pour jeunes délinquants. Ce n’est pas une idée nouvelle ! Ils ont existé de 1986 à 2004. 5 800 jeunes y sont passés. Les résultats sont absolument nuls. Avant de faire une proposition aussi extraordinaire, elle aurait dû consulter le rapport sénatorial qui évalue les résultats. Elle disposait d’une capacité d’expertise auprès d’elle puisqu’il a été signé notamment par Jean-Pierre Masseret, l’un de ses soutiens ! Pour moi, sa proposition est du niveau d’un propos de fin de banquet. C’est la ligne scrogneugneu ! On entendait dire autrefois des jeunes : « Il leur faudrait une bonne guerre ! » Maintenant, on parle de punir toute la famille ! C’est de la gesticulation. Techniquement ça n’a pas de sens !
Qui souhaite un ordre injuste ? C’est moins l’adjectif qui me choque que la construction intellectuelle. En politique, le vocabulaire est toujours rattaché à des familles sémantiques. L’« ordre juste » est employé par Ségolène Royal un mois et demi après la parution de l’encyclique du pape Benoît XVI, qui en fait un thème central et confie aux laïcs le soin de prendre en charge l’avènement de cet ordre juste. C’est Mignard, un des proches de Ségolène Royal, qui le rappelait : « Son inspiration à elle, c’est plutôt la doctrine sociale de l’Église que la lutte des classes. » Un récent reportage du journal le Monde confirme sans démenti cette filiation idéologique. Benoît XVI dit que l’ordre juste est celui qui donne « à chacun ce qui lui revient ». Une définition qui est aussi hautement contestable que le fait de parler d’équité plutôt que d’égalité. Je ne conteste pas qu’on ait une filiation intellectuelle, je dénonce qu’on la cache. Pour ma part, je me rattache à la philosophie des Lumières. Quand on est de gauche et progressiste, à l’équité il vaut mieux préférer l’égalité, à l’ordre juste il vaut mieux préférer un ordre émancipateur, c’est-à-dire un ordre où la part qui revient à chacun est celle qui va être construite par le progrès collectif et non par l’état de nature individuel.
Tout le monde a pu se rendre compte de la faillite du communisme d’État avec la chute du mur de Berlin. En revanche, la faillite de la social-démocratie est masquée. Elle est au moins aussi spectaculaire. Les deux partis matrices de la social-démocratie universelle, le parti anglais et le parti allemand, pratiquent l’un une politique de droite, l’autre une politique avec la droite. Clairement, le mur est tombé entre cette gauche-là et la droite. En ce moment, la moitié des gouvernements de l’Union européenne sont dirigés par des sociaux-démocrates ou les intègrent dans une coalition avec le centre ou la droite. Cela n’a pas le moindre impact, au contraire, sur une évolution progressiste et démocratique de l’Union.
Pourquoi ? Le capitalisme a changé. La social-démocratie est incapable d’appliquer ses vieilles recettes contractuelles à cette forme nouvelle du capitalisme transnationalisé. Elle est alors impuissante. Dès lors, c’est la capitulation en rase campagne, avec l’espoir qu’un redémarrage du capitalisme national finisse par donner mécaniquement des bienfaits aux travailleurs du pays concerné, ce qui ne se produit jamais. D’autre fois, là où les relations politiques sont à leur extrême, c’est la social-démocratie qui prend en charge l’affrontement avec le peuple. J’ai pu en observer les conséquences au Venezuela et en Bolivie, où les deux derniers gouvernements sociaux-démocrates ont fait tirer sur les manifestations populaires. Leurs chefs sont en fuite à l’étranger.
Il a toujours été singulier. Par choix assumé il n’a jamais intégré la doctrine de la social-démocratie européenne. Dès lors, il a été en partie protégé de cette faillite dans la mesure où il s’est tenu à égale distance des partisans d’une politique sociale libérale et des partisans d’une politique de rupture avec le système. C’est la ligne de Lionel Jospin. Elle a eu de beaux succès. Et de lourdes contreparties aussi… Celles-ci ont fini par compter davantage. Ce positionnement a d’innombrables inconvénients, mais il nous a protégé de la déchéance qu’ont connue le SPD allemand, le parti italien, le parti anglais. Actuellement, il y a à la tête du PS un groupe habile qui assume son alignement sur la social-démocratie mondiale. C’est le cas de François Hollande. Il le dit dans son livre. En bureau national du PS, il a affirmé, contre moi, un devoir de confiance « par a priori » avec les partis latino-américains dont je viens de parler, au motif que l’étiquette social-démocrate vaudrait label. Nonobstant les fusillades !
C’est grâce au Linkspartei que la droite n’a pas eu la majorité en Allemagne et grâce à Oskar Lafontaine que tous les socialistes ne sont pas impliqués dans la honte de gouverner avec la CDU-CSU. La rupture d’Oskar Lafontaine avec le SPD social- libéralisé est un événement que la social-démocratie européenne a immédiatement recouvert d’une chape de plomb tant elle est accablante pour elle. Ancien ministre des finances de la RFA, ancien président du SPD, Lafontaine est un homme dont toute la carrière a été placée sous les auspices de Willy Brandt, son tuteur et modèle. Son initiative déchaîne donc la même haine que ceux qui, en Amérique latine, ont cherché d’autres chemins. Il n’a pas eu le choix. Ce n’est pas lui qui a quitté le SPD c’est le SPD qui s’est quitté lui-même.
L’Internationale socialiste (IS) s’oppose aux formes politiques nouvelles jusqu’à l’absurde. Elle a tenu à l’écart Lula jusqu’à sa victoire. Encore maintenant, le Parti des travailleurs n’est toujours pas intégré à l’IS. Mais le PS adule dorénavant Lula, surtout pour l’opposer à Chavez. L’Internationale socialiste manifeste une véritable incapacité à penser son avenir de façon neuve et autonome. Pourtant, partout dans le monde, la gauche est en réinvention, surtout quand elle s’appuie sur le mouvement populaire. Là où il n’y a pas de mouvement populaire, la gauche est en panne. Mais partout où l’implication populaire se réalise, on voit des chemins se tracer. Et partout est à l’ordre du jour l’émergence de forces politiques nouvelles. Même si le processus n’est pas linéaire. En Italie, il se déroule au sein de la coalition autour de Romano Prodi alors même qu’il y est contradictoire. En Allemagne, c’est la tentative Linkspartei. En Amérique latine, il n’y a pas un pays où cette poussée n’existe pas.
La question doit légitimement se poser. Mais de manière particulière car on peut imaginer que le PS lui-même s’insère dans un processus de réinvention globale de la gauche, ce qui est impensable dans les autres pays.
Ces questions ne relèvent pas d’un colloque théorique. Elles mettent en jeu l’existence quotidienne de millions de personnes et des affrontements de classes sociales qui se traduisent par des situations d’extrême violence sociale et politique. Dès lors, la possibilité pour la gauche de contourner la nécessité de sa « réinvention » n’existe pas. C’est la réinvention ou la déroute. La déroute ne serait pas seulement électorale. Elle signifierait que l’option progressiste disparaît du champ des propositions qui sont faites au peuple pour transformer son existence quotidienne. La place serait libre, et partout, pour les solutions d’extrême droite qui peuvent aussi être assumées par des partis de droite drapés dans les options sécuritaires ou libérales sécuritaires. C’est le cas dans de très nombreux pays où les coalitions entre l’extrême droite et la droite sont devenues banales. Après le tollé sur la coalition droite/extrême droite en Autriche, écoutez le silence sur la même chose en Pologne !
C’est la contribution la plus importante et certainement la plus décisive qui puisse être apportée à la réinvention de la gauche. Certes, le terme « antilibéral » dans ce contexte me pose problème s’il vise à stigmatiser le PS. Ce serait absurde : le PS n’est pas un parti libéral. Si l’autre gauche, que j’appelle « la gauche des ruptures », va en désordre aux élections, elle sera laminée. Le vote utile trouvera, à juste titre, une raison de se concentrer sur le candidat socialiste. Bien sûr, l’ampleur du vote de gauche sera bien moindre, car le PS actuel ne sait pas entraîner à lui seul une majorité populaire mobilisée sur un programme. Dans cette situation, l’effet ne serait pas seulement électoral mais politique.
Si la gauche est absente du deuxième tour, la gauche des ruptures, en miettes, aura démontré la nocivité de ses divisions pour toute la gauche. Et elle aura fait la démonstration de son inutilité ! On aura un large vote socialiste, mais l’autre gauche sera anéantie politiquement. Comment empêcher alors la défaite ou le déplacement de l’axe du PS vers le centre ? Certains, à sa direction, ont déjà annoncé que tout était possible en ce domaine. C’est à la gauche des ruptures de mesurer sa responsabilité à l’égard de la gauche et du pays, et pas seulement à l’égard de chacune des tendances qui la constituent.
L’intérêt général de la gauche est qu’il y ait, en même temps que la candidature socialiste, une candidature qui unifie la gauche de ruptures. Cela produirait plusieurs résultats : un ancrage de la gauche à gauche parce qu’il y aurait eu un rééquilibrage de celle-ci ; une nouvelle dynamique à gauche qui ne serait pas seulement la dynamique du vote utile. Sans nier son importance, le vote utile est pauvre en implication populaire ! C’est un vote de survie, un vote refuge pour l’opposition à la droite. Il ne contient pas de projet politique. En revanche, avec une gauche équilibrée, on ancre une dynamique positive plus large que les partis qui la constituent.
Ou Marie-George Buffet ? Ou d’autres ? Je ne me pose pas cette question. Je travaille à ma place, avec mes amis de PRS, à faire avancer l’union sans exclusive de toute la gauche. J’ai compris que cela passe par la nécessité que le PS et l’autre gauche soient représentés chacun de façon efficace. C’est un travail positif sur des contenus. Pas une manœuvre d’appareil. Au PS, on en mesure les résultats sur des points essentiels comme l’alignement sur le rejet du traité constitutionnel européen ou le refus d’une resucée de ce texte. Mais je sais que rien n’est joué. On verra le moment venu. S’il vient.
Il y a des configurations qui pourraient y pousser.
Par définition, il doit l’être, sinon on en resterait à une division de la gauche. Mais ce dépassement ne peut se faire que sur la base du « non ». Ce n’est pas simple. Pour en arriver aux formules précises du projet socialiste, il aura fallu un an. Mais, pour moi, la meilleure des garanties, c’est d’avoir autour de la table de discussion avec nos partenaires européens un président issu du « non » de gauche. Jusqu’au terme du processus, je vais mener cette bataille. Tout le monde comprend qu’elle est prioritaire. C’est ma part d’utilité au combat de la gauche en général.
J’ai fait le choix de soutenir sa candidature sur une base politique. Il est le seul candidat issu du « non » de gauche au PS. Il a mis ses propositions politiques en ligne avec ce vote, notamment sur le combat contre la mondialisation libérale et l’affirmation d’une stratégie d’alliance claire. Lui a tenu, en socialiste, le contrat politique qu’il avait pris avec les tenants du « non ».
APPEL
POUR UN RASSEMBLEMENT ANTILIBERAL DE GAUCHE ET DES CANDIDATURES COMMUNES : IL Y A URGENCE !
Pour que ça change vraiment, l'heure est venue de passer aux actes : nous proposons la création d'un collectif local de l'aire toulonnaise pour un rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures communes.
En moins d'un an, à plusieurs reprises, la société française s'est insurgée contre le libéralisme, destructeur de vies et d'avenir. Le 29 mai 2005, une majorité a sanctionné les choix libéraux des élites européennes. A l'automne, la jeunesse de nombreux quartiers populaires, confrontée au chômage, à l'exclusion et aux discriminations, a manifesté sa révolte. En mars et avril de cette année, c'est par millions que jeunes et salariés se sont soulevés contre la précarité et la destruction du code du travail. Depuis, le refus de la loi sur « l'immigration jetable » s'étend. Ces séismes à répétition et les luttes appellent une réponse politique à la hauteur. Elle ne peut pas être la réédition de ces alternances sans changement profond qui se terminent immanquablement par des désastres, comme le 21 avril 2002.
Notre pays a besoin d'une rupture avec le cadre libéral, et non d'un aménagement de celui-ci. Ce choix, qui doit être traduit en propositions précises, correspond à l'attente de millions de femmes et d'hommes de notre pays. Il a vocation à être majoritaire au sein de la gauche, à y battre les politique d'adaptation et de renoncement, ouvrant ainsi la voie à un changement politique et social profond.
Le discours dominant prétend fixer le cadre des prochaines échéances électorales en les réduisant à la rivalité des deux partis institutionnellement dominants. Tout juste s'inquiète-t-on de la capacité de l'extrême droite à troubler le jeu et s'interroge-t-on, en marge, sur qui décrochera le prix du meilleur second rôle à gauche du PS au terme d'une dérisoire compétition dans la dispersion.
Mais l'Histoire n'est pas écrite.
Nous étions ensemble contre les offensives de la droite et du patronat, refusant de nous incliner devant l'inéluctabilité du modèle libéral que l'on cherche à imposer à tous les pays d'Europe. Dans nos partis, syndicats, associations, dans le cadre des collectifs unitaires du 29 mai ou d'autres initiatives visant à l'unité, nous avons poursuivi notre démarche.
Nous affirmons que seule une union de toutes les énergies anti-libérales autour d'un projet commun, seules des candidatures communes antilibérales de gauche aux élections présidentielle et législatives peuvent ouvrir la voie à une authentique alternative : sociale, écologique, anti-discriminations, démocratique. Faute de quoi l'exaspération et la détresse populaires risquent de se traduire en abstention et de profiter à la droite extrême ou à l'extrême droite.
Les obstacles à l'unité peuvent être levés si la volonté politique prévaut.
Nous nous battons pour gagner. Nous voulons en finir avec le pouvoir de la droite, en finir durablement avec une politique dont le pays fait les frais depuis trop longtemps. C'est pourquoi nous avons l'ambition de changer en profondeur la donne politique, de bouleverser le rapport de forces à gauche. Nous voulons construire une forte dynamique populaire et citoyenne, œuvrer ainsi à l'essor des mobilisations sociales, avec l'objectif d'une majorité et d'un gouvernement qui appliquent une politique au service du peuple. Une politique en rupture avec le libéralisme, opérant des choix respectueux du futur de la planète et des humains qui y vivent. Nous le croyons possible. Si nous n'accédons pas au second tour de la présidentielle, nous nous mobiliserons pour battre la droite et l'extrême droite. Mais nous ne participerons pas à un gouvernement qui serait dominé par le social-libéralisme.
Des propositions convergentes existent sur nombre de questions essentielles. Elles fournissent déjà un fondement solide à notre rassemblement.
Notre campagne commune aux élections présidentielle et législatives devra s'inspirer de celle menée pour le rejet du traité constitutionnel européen. C'est la même dynamique unitaire que nous devons donner à voir dans les entreprises, les quartiers, les meetings, les médias. Cette campagne devra être portée par les différentes sensibilités engagées dans le processus et ensemble, partout, par les milliers de citoyens qui s'y retrouveront.
Un tel cadre collectif permettra d'échapper à la dérive présidentialiste encouragée par les institutions et de désigner celle ou celui qui symbolisera le mieux notre unité à l'élection présidentielle.
Après la création d’un collectif national le 13 mai dernier, le temps est venu de concrétiser ce combat à Toulon en créant un collectif local d'initiative permettant de participer activement à la dynamique initié epar l’appel national et de concrétiser cette campagne au niveau local.
Nous convions toutes les forces, courants, sensibilités de la gauche anti-libérale, féministe, écologiste, citoyenne à être partie prenante de ce collectif qui ne sera pas un cartel figé et restera ouvert. Nous invitons toutes celles et ceux qui partagent notre objectif à créer partout de tels collectifs d'initiative, unitaires et populaires.
Il nous appartient de délivrer ensemble un message d'espoir. Le temps presse. Le défi doit être relevé.
Les Premiers Signataires :
Gilbert GIMENEZ, (1er secrétaire section PCF Toulon) - Jo Buda (Syndicaliste – SUD Education) – Luc LEANDRI (Animateur Pour la République Sociale 83) – André DASPRE – Pierre-Yves CANU (militant associatif)…
Le 30 juin 2006, le sursis accordé aux élèves sans papiers et à leurs parents tombera. Des milliers d’enfants, de jeunes et leurs familles risquent l’expulsion en masse, verront leur avenir et leur vie même anéantis. Nous ne laisserons pas commettre ces infamies en notre nom. Chacun avec les moyens qui sont les nôtres, nous leur apporterons notre soutien, notre parrainage, notre protection. S’ils nous demandent asile, nous ne leur fermerons pas notre porte, nous les hébergerons et les nourrirons ; nous ne les dénoncerons pas à la police.
Pour des milliers d’enfants et de jeunes majeurs, le 30 juin 2006 ne marquera pas le début des vacances d’été, mais bien le commencement d’un calvaire. En effet, à cette date, le sursis que M. Sarkozy avait dû accorder aux jeunes majeurs sans papiers scolarisés et aux parents d’enfants scolarisés tombera. Suspendues parce que les mobilisations d’écoles et de lycées se multipliaient, les expulsions reprendront.
Ainsi, en guise de vacances, des milliers de jeunes et d’enfants joueront aux fugitifs, en vrai, avec ou sans leurs parents, guettant les bruits de pas à l’heure du laitier, tremblant à la vue d’un uniforme et vivant dans la hantise de perdre à jamais leur école, leurs enseignants, leurs copains. S’ils sont arrêtés, le grand jeu de leur été sera un petit rôle dans un film policier sordide : l’interpellation, seul ou en famille, les parents rudoyés, 48 heures de garde à vue dans une cellule de commissariat puis deux ou quatre semaines en rétention, crasse, bruit, violence et promiscuité assurés, et, pour finir, un aller-simple vers un pays qu’ils ne connaissent pas ou plus, dont certains ne parlent pas (ou plus) la langue, papa-maman menottés, entravés comme des bêtes et attachés à leurs sièges.
A l’arrivée, ce sera pour la plupart l’extrême misère : pas de logement ou le bidonville, pas de travail et pas d’espoir d’en trouver. Des persécutions, parfois les plus atroces, contre ceux que la France a débouté du droit d’asile. Ils paieront pour les raisons pour lesquelles ils avaient fui et certains pour avoir dénoncé leurs tortionnaires à l’étranger. Pour les enfants, pas d’école, dans des pays où la scolarisation est un luxe. C’est ce gâchis qui se cache derrière les chiffres records d’expulsions annoncés avec satisfaction par le ministre de l’Intérieur : des milliers de vies propulsées dans l’indigence et parfois achevées sous la torture !
Nous ne laisserons pas détruire la vie de ces enfants, de ces adolescents et de leurs parents. Ils sont nos élèves, les copains de nos élèves ou de nos enfants. Ils ont commencé d’étudier dans ce pays, ils en parlent la langue, ils ont les mêmes joies et, hélas, des soucis bien plus grands que les camarades de leur âge. S’ils décident (ou, pour les plus jeunes, si leurs parents décident) d’échapper à une expulsion honteuse, nous les y aiderons comme nous avons aidé Rachel et Jonathan à Sens, Samuel à Pau, Ming et Wei-Ying à Evreux. Nous sommes solidaires de ceux qui les accueilleraient. S’ils demandent asile, nous ne fermerons pas notre porte.
Cela contrevient aux lois en vigueur. Mais l’enseignement que nous avons à dispenser à nos élèves ou l’éducation que nous devons à nos enfants ne peut pas être l’exemple de la soumission à un ordre injuste. Chacun a en mémoire les épisodes où face à des persécutions insupportables, chacun a dû faire des choix. Et où ne pas choisir était choisir de laisser faire. Et pas seulement dans les périodes de dictature. Rosa Parks, emprisonnée à Atlanta en 1955 pour avoir enfreint les lois ségrégationnistes aurait-elle dû se soumettre au prétexte que ces lois avaient été « démocratiquement » prises ? Le général Paris de la Bollardière, mis aux arrêts pour avoir dénoncé les tortures de l’armée française en Algérie, aurait-il dû se taire parce que la France était une démocratie ?
Nous ne laisserons pas se commettre des infamies en notre nom.
Réseau Éducation Sans Frontières
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75012 Paris
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